Les Tunisiens pris de panique et ne sachant plus à quel saint se vouer se disputent les masques, les gants et les gels quand ils en trouvent.
Il est 14h00 au centre-ville de Tunis, la rue grouille de monde. Les pharmacies elles regorgent de clients. Une longue file se tient depuis l’extérieur tout en respectant la distance d’un mètre entre chaque patient pour diminuer le risque de contamination. Avant d’entrer dans une pharmacie située dans le quartier du Passage, on aperçoit une pancarte portant l’inscription : «Pas de gel, pas de gants et pas de masque».
Une façon comme une autre d’inviter le client à rebrousser chemin, faute de pouvoir le satisfaire sur des produits extrêmement demandés dans cette période critique de la pandémie du coronavirus. Interrogée, une pharmacienne affirme qu’il ne faut pas s’affoler pour les ports de masque qui sont malgré tout nécessaires pour la majorité des gens : «On invite les gens à ne pas s’affoler, à ne pas entrer dans une crise de panique». clame-t-elle. Cela fait deux jours que la pharmacie est en rupture de masques. Elle reprend : «C’est une pénurie due à une forte demande après l’apparition du coronavirus en Tunisie». D’après un pharmacien de la place, leur local a été pratiquement dévalisé. Le fournisseur n’en dispose plus. Les gens s’épient, se guettent pour obtenir qui des masques qui des gants sans résultat. Il poursuit : «Cela fait 34 ans que je travaille dans ce métier et je n’ai jamais vu ça».
Si les masques sont une première protection du coronavirus, d’autres mesures sont préconisées par les médecins et non des moindres.
Les masques de protection en rupture de stock dans les pharmacies
Premier objectif : trouver un masque de protection au coronavirus. On questionne une pharmacienne : «Alors combien de masques reste-t-il en stock?». Elle rétorque par la négative en affirmant qu’il n’y en a plus un seul.
Depuis l’annonce de l’épidémie, les pharmacies enregistrent beaucoup de demandes en masques. Les pharmaciens transmettent quelques conseils pour éviter les risques de contamination et rappellent aux gens qu’il faut se laver les mains régulièrement. Au sujet des masques, un pharmacien affirme qu’il les a reçus à 10h30 et qu’à 10h40 il n’en avait plus. Aussitôt une foule de jeunes, portant des masques, exprime son mécontentement et sa peur du virus. Ces jeunes portent des masques pour ne pas tomber malades car ils ont peur de la maladie. La majorité des gens essayent de ramener des masques pour assurer leur protection. Un autre pharmacien nous explique la spécificité des masques qui concerne notamment la norme de filtration car chaque produit possède sa norme de qualité de filtration. Il argumente : «Aujourd’hui les masques bleus qu’on appelle masques chirurgicaux sont les plus portés car ce sont des masques très sûrs. Ce serait mieux que les Tunisiens portent des masques notamment les personnes âgées et les personnes fragiles, car ce sont des masques qui sont utiles pour se protéger. Mais, il n’y a aucune instruction particulière pour acheter des masques».
Sentiments mitigés et partagés
Un jeune témoigne : «Mes parents m’ont conseillé de me protéger et de ne pas trop m’approcher des gens».
Un autre homme, âgé d’une quarantaine d’années, pense que fin avril on ne parlera presque plus de cette pandémie liée au coronavirus et que la vie reprendra normalement son cours. H., la soixantaine, espère que les autorités assumeront leurs responsabilités. Une sexagénaire a révélé que le coronavirus a eu un impact négatif sur l’économie tunisienne. Cette épidémie devenue une pandémie est une source d’angoisse pour la planète. Une pharmacienne nous explique que beaucoup de personnes de passage ne cessent de réclamer les masques et les bavettes médicales. «Or, on dispose uniquement de masques chirurgicaux. Leur utilisation est assez courte, au maximum 4 heures. Le masque type ffp2 est un masque qui permet le passage d’air. On a écoulé notre stock qui comporte 50 boîtes. Les petits gants coûtent 600 millimes et les grands sont à 3 D. La boîte de gel de 100 ml est à 6d500 et les masques coûtent entre 10d et 20d».
Les gels hydro-alcooliques protègent-ils contre le coronavirus?
«Le gel est un complément d’hygiène», a affirmé une jeune stagiaire pharmacienne, affirmant que ce produit reste bien pratique lorsqu’il n’existe pas d’eau. «C’est un produit de dépannage qu’il faut avoir sur soi quand on sort ou qu’on touche l’escalier, le métro, les bureaux. La friction des mains par un gel hydroalcoolique permet de diminuer les microbes organiques». Une question est sur toutes les lèvres : «Demain sera-t-il meilleur ?».
Sabrine AHMED